2 et 3 juin 1913

 

Des pluies torrentielles, souvent orageuses, ont provoqué des inondations catastrophiques, en particulier sur l'ouest du Béarn et au Pays Basque. Pour certains cours d'eau du département, il s'agit de la plus forte crue du siècle. Pourtant, cette date est peu connue et quasi absente de la mémoire collective

"Après deux jours et deux nuits d'une pluie extraordinaire, les eaux de la Baïse, du Geu, du Laa ont grossi si subitement que les populations ont été surprises par l'inondation dans la nuit du 2 au 3. A peu d'exceptions près, toutes les maisons des villages de Pardies, Abidos, Noguères, Mourenx, Abos et Os-marsillon ont été envahis par les eaux de la Baïse. Beaucoup d'habitants ont dû se réfugier à l'étage. Du haut du côteau, " la plaine paraissait recouverte d'une immense nappe liquide". A Pardies, les habitants ont été brusquement réveilllés par l'inondation. De mémoire d'homme, on n'avait jamais vu les eaux atteindre un niveau si élevé. Dans plusieurs maisons, l'eau pénétrait pas les fenêtres. Le village d'Abos connaissait le mëme sort. Dans la nuit, l'eau est arrivée subitement dans le village. Très rapidement, tout le quartier bagnères était inondé. Plus en amont, plusieurs maisons du bourg de Lasseube subissaient également l'inondation de la Baïse. A Monein, les propriétés riveraines de la Baysère ont subi de grands dommages.

A Salies-de-Béarn, le Saleys est sorti de son lit et a inondé les rues et places de la ville (Place Jeanne d'Albret, rue Saint Vincent et d'autres avaient en quelques minutes plus d'un mètre d'eau). Une victime fut à déplorer par noyade et les dégâts matériels furent considérables.

Le Gave de Pau a considérablement grossi. A Orthez, il atteint près de 14 mètres à l'échelle du Pont-neuf et recouvre le viaduc de la voie ferrée. Les usines du bord du gave sont fortement touchées. 600 ouvriers sont en chômage technique. A Lescar, le gave inonde les champs et s'approche de la route de Bayonne. Toute la basse ville est sous l'eau mais c'est le Lescourre qui a encore fait des siennes (une situation analogue se reproduira plus tard en juin 1988 avec 200 foyers sinistrés).

Au Pays Basque, la situation est difficile dans la vallée de la Nive. A Cambo les bains, la voie ferrée est emportée. Toutes les maisons de la basse plaine sont inondées. A Itxassou, un pont est emporté. Par contre, dans la région de Baigorry, la situation est désatreuse. " On croyait tout d'abord que, seules, les habitations voisines de la rivière avaient souffert. Mais les nombreuses maisons éparpillées dans les montagnes ont encore été plus éprouvées. Rochers, arbres, masses énormes de terre sont descendus en avalanche, emportant ou détruisant tout sur leur passage. Les communications sont coupées avec Baigorry. A Errazu, l'église et 14 maisons se seraient écroulées..."

 

source : Journaux Le Patriote et l'Indépendant